J'ai toujours aimé la pénombre, le ciel qui s'assombrit d'une brunante apaisante. La nuit venue où les démons s'éveillent enfin, je marche à la lueur des lampadaires. Parfois j'ai la nette impression qu'on m'observe, qu'on me fixe à travers l'épaisse noirceur du soir. Pourtant, je continue de marcher. Je n'ai pas peur. Je me sens bien et libérée de toute amertume. L'obscurité est mon refuge, la fuite d'une vie préconçue. J'aime ce silence qui glisse sur mes tympans ainsi que le bruit de mes pas dans la nuit. J'aime ces moments où le monde entier est endormi, où la solitude comble tout mon être. Le crépuscule semble évoquer les ténèbres mais pour moi il n'est que le foyer de la sérénité. C'est ici où tout semble réel. C'est ici où le simple fait de vivre semble moins douloureux à supporter.