Lettres
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“I put my heart and my soul into my work, and have lost my mind in the process.”
- Vincent Van Gogh
This manuscript is dedicated to those who taught me.
1
Il y avait une fille sans visage et sans nom
Elle possédait un esprit vagabond
Il s’éloignait sans cesse, il ne savait pas où il allait
Personne n’allait le rejoindre, car tout le monde craignait
Qu’il puisse atteindre la fin d’une falaise
Se laisser tomber afin d’y être à l’aise
Ce n’est qu’en s’écrasant
Que la tête s’ouvrit
Et qu’ils virent qu’il n’y avait rien d’intéressant
La tristesse avait construit son nid
Il y avait une fille sans cœur et sans idées
Tout le monde la croyait pétrifiée
À travers un regard troublé, elle parvenait à projeter l’opposée
Mais tous savaient qu’elle était brisée
Son esprit grotesque et noir
Ne faisait que courir et courir avant qu’il ne soit trop tard
Ce n’est qu’en s’écrasant
Que la tête s’ouvrit
Et qu’ils virent entre ses ossements
Une enfant abandonnée qui poussait des cris
Il y avait une fille sans valeur et sans intérêt
Nuit après nuit, sa solitude elle apprivoisait
Elle ressentait toujours ses doigts parcourir le long de ses jambes entre les fentes
Desquelles s’écoulait une encre d’une douleur lente
Dans sa marée de cauchemars qu’elle sombrait
Jour après jour elle y nageait
Ce n’est qu’en s’écrasant,
Que la tête s’ouvrit
Et qu’ils virent quelques démons dansant
Tous chancelants, haletants, éperdument lassants
Il y avait une fille
Il n’y en a plus
Il y avait esprit
Il est parti
2
Mon âme fut violée par la souffrance et la cruauté s’abattant sur notre pauvre univers, à répétitions, ayant comme bruit de fond, un étouffement, un cri sourd ne parvenant à aucune oreille, il n’y eu aucune main pouvant me lever du sol contre lequel j’étais écrasée de toute ma personne.
Sur ma peau, ne dégouline que la douleur, gluante et collante, parcourant mes frissons et m’imbibant d’une noirceur inconnue. Dans mes pensées, une ombre, plus grande que celle de mon propre corps, je me perds en elle, je ne sais plus où je me trouve, être tout simplement, devient une tâche hors d’accomplissement. Contre mon cœur, un poids, s’accaparant du pauvre organe qui ne peut produire un battement de plus, qui ne peut supporter une autre cassure, une autre blessure, il souffre éperdument et il se tortille sous la douleur, intolérable, infinie.
Se développant dans l’intérieur de mes pupilles dilatées par la beauté de ce monde trompé par sa propre tragédie, une nouvelle perspective se forme, se construit, elle n’est pas jolie, rien ne l’échappe, il n’y a rien dans ce monde qui lui plaît, tout n’est qu’un mensonge, un piège captivant. Contre mes cernes ruissèle l’écoulement d’une rivière silencieuse de larmes, elle sont salées, elle sont inexpliquées, elles s’écrasent contre mes lèvres qui ne réclament que de l’amour, qu’un souffle chaud pouvant réchauffer l’hivers qui s’installe en moi, glaçant chaque veine introduite dans mon corps frêle.
Il n’y a aucun sens à cette vie, il ne faut perdre son temps à la connaitre, il faut simplement y plonger, sans oser redouter ses monstruosités. Elle est semblable à une œuvre d’art, parfois on ne peut saisir une explication, il suffit tout simplement d’y laisser notre regard, de parvenir qu’à nous submerger de sa beauté.
Parfois, notre âme se trouve à être incroyablement attirée par le silence craintif, la beauté épanouie, le vide constant, d’une simple nuit au courant d’une simple vie tourmentée. Paradoxe. En moi s’installe une noirceur effrayée, voulant être repoussée, mais pourtant, mes doigts semblent pouvoir parvenir à caresser cette bête qu’est la nuit, mes mains semblent pouvoir capturer ses étoiles brulantes, elles se collent à ma peau, la déchirent, la réduisent en simple fumée qui s’élève dans un ciel peint de noir absolu.